Pourquoi Brandon Sanderson est-il si énervant ?
- disciple
- 7 mai 2021
- 4 min de lecture
Un drôle de question à se poser de bon matin, j’en conviens.
Il a déjà été fait mention dans ces humbles colonnes de mon amour pour Les Archives de Roshar, la série grâce à laquelle j’avais découvert le bonhomme. Une série agréable à lire, dans un univers cohérent, dépaysant avec sa faune et sa flore si particulières, habité par des personnages complexes et rarement manichéens, le tout dans un récit happant le lecteur et entrecoupé d’illustrations magnifiques. Vous comprendrez aisément que ce soit immédiatement devenu un auteur et des livres chers à mon cœur, lisant et relisant les aventures de Kaladin, Shallan, Adolin et les autres en boucle en attendant les tomes suivants.

Et puis…
A force de lire « Brandon Sanderson, l’auteur de la série Fils-des-Brumes » sur les 4èmes de couverture, et en lisant les avis de quelques ami.e.s, j’ai fini par me lancer et entamer la lecture des premiers récits de Sanderson. Et là, quelle claque !
Un autre monde, avec encore une autre magie hyper détaillée et structurée, si lointaine à la Fluctomancie de Roshar et pourtant pleine de détails familiers ! Un récit narrant une résistance au sein d’un empire totalitaire, sans omettre les détails horribles d’une servitude imposée à une caste entière au sein d’un monde où tombe une pluie sans fin de cendres. La flamboyance de Kelsier ! L’évolution de Vin, l’orpheline héroïne qui transcende son passé pour mener les rebelles ! Une quête tellement prenante que j’ai dévoré les trois tomes à la suite, délaissant les sorties d’autres cycles que je suivais à l’époque.

Quoi ? Il existe une suite à cette série ? Vite, je me rue sur mon portefeuille !
Un tome plus tard….

D’accord, donc on peut envoyer bouler le ton qu’on a choisi, et passer de la fantasy au western, et personne ne dit rien ?!
Parce que oui, dans L'Alliage de la justice, Sanderson a décidé de faire une ellipse de 300 ans après la fin des évènements de Fils-des-brumes. Occasion rêvée pour lui de changer radicalement d’environnement, pour aborder le genre du Western au sein d’un univers ayant progressé technologiquement et socialement suite aux agissements de Vin et des autres.
L’on y suit Wax, un justicier sans peur et sans reproches, marqué par une expérience tragique et déplacé au sein de la grande ville où il n’as plus ses repères des terres sauvages. Il sera alors confronté à une bande de voleurs extrêmement audacieux et dangereux, les Subtilisateurs.
Là encore, Sanderson n’a pas perdu son style si particulier ni son don pour les personnages, avec une mention spéciale à Wayne, l’acolyte de Wax, personnage si particulier qui m’a fait passer par toutes les émotions, du rire au larmes.
Je trouvais que c’était déjà beaucoup. Trois séries si bien écrites, distinctes mais liées, toutes des bombes. Mais c’était sans compter ce jour où l’on m’a tendu un livre intitulé Vers les étoiles.
« Tiens c’est pas le mec qui remplit autant tes bibliothèques ? »

Et si. Encore une nouvelle série de livres ? Un cycle appelé Skyward, voyons voir !
Il a recommencé. Encore un nouveau genre. Dans Vers les étoiles, Sanderson fait de la pure SF. On y suit Spensa, représentante d’une humanité se terrant dans le sous-sol de la planète Détritus, attaquée de toute part par des aliens nommés Krell. L’humanité tente de répliquer, tournant l’entièreté de leur société vers le fait de former une élite de pilotes de vaisseaux chasseurs capables de rivaliser avec les vaisseaux Krell. Seul ombre au tableau, dans une société si militarisée, prônant le courage comme vertu cardinale, Spensa intègre une équipe de cadet avec un handicap de taille : elle est la fille d’un lâche…
C’est de nouveau un coup de maître. Un récit qui part dans une direction inattendue, une tension de chaque instant dans un livre où Spensa se bat autant contre les Krells que contre la société humaine pour se faire accepter et prouver sa valeur. Des passages avec une forme vibe Top Gun, on ressent chaque vol, chaque affrontement avec la boule au ventre, suivant les courbes et manœuvres réalisées par les pilotes en sentant presque les g accumulés. Les sentiments des personnages sont aussi très développés, la mort n’étant jamais loin dans un monde où les ennemis sont si proches et pourtant si inconnus.
Une nouvelle série qui tient toutes ses promesses et qui est assurément à suivre !
Et donc ?
Sanderson a réussi son pari, d’écrire ce qui lui fait plaisir tout en maintenant un niveau hallucinant. Passer de la med-fantasy, à la SF, au space opera, en passant par le western, sans trembler des genoux et en se renouvelant sans cesse, voilà un menu qu’on ne voit pas passer tous les jours !
Voilà pourquoi il est si énervant ! Quand on le lit, écrire à l’air tellement facile… Il fait ce qui lui plait et ça se ressent à la lecture, on est immergé dans des univers qui respectent leurs propres règles et qu’on ne sent jamais factices. Les personnages sont développés, et si certains sont archétypaux on sent qu’il s’agit de servir un propos. Rare qualité pour un auteur masculin, les personnages féminins sont bien menés, avec des psychologies différentes et ayant chacune des aspirations, des buts, des réactions réalistes, nuancées, et loin des clichés malheureusement trop récurrents dans les écrits des mondes de l’imaginaire.
Voilà pourquoi pour moi, Sanderson est un si grand auteur, que j’aurais toujours plaisir à lire, quel que soit l’univers où il m’emmènera.
Et je n’ai encore lu ni Elantris ni Warbreaker ! Je sens qu’il va falloir que je rachète encore une bibliothèque… Je dois pouvoir pousser un mur ou deux peut être…




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